Dans certaines régions, il n’est pas possible de bénéficier du raccordement TAE (Tout-à-l’égout) pour l’évacuation des eaux usées. Les logements situés dans ces zones sont alors contraints de trouver des solutions alternatives d’assainissement individuel, mais nous parlerons ici tout particulièrement des solutions les plus écologiques. Pour savoir laquelle convient à son logement, il faut étudier chacune d’elles dans le détail et s’assurer que sa mise en œuvre ne sera pas contraignante.
Assainissement écologique : 5 solutions différentes quand le TAE n’est pas disponible
Il existe 5 solutions d’assainissement écologique qui peuvent être utilisées de manière intégrale, ou venir en complément d’un autre système. Ce sont :
- Les toilettes sèches
- Les filtres plantés
- Les bambous d’assainissement
- Les filtres à coco
- Le lagunage
Parmi ces 5 solutions, seuls les toilettes sèches et les filtres plantés sont agréés par la loi et considérés comme des solutions intégrales d’assainissement. Les autres solutions sont intéressantes, mais il vaut mieux les associer avec un dispositif plus performant.
Les solutions intégrales d’assainissement écologique
Les toilettes sèches
Les toilettes sèches font partie des solutions d’assainissement écologiques les plus utilisées. Il en existe 2 types :
- Les toilettes sèches à séparation
Les toilettes sèches à séparation sont munies d’un système qui permet de séparer les urines des matières fécales et de les stocker à différents endroits. Les urines sont diluées 8 fois avant de servir à l’épandage, alors que les matières fécales sont asséchées et transportées vers l’aire de compostage par tapis roulant ou par l’utilisateur (celui va y vider la cuvette).
Mais même si le système est efficace, il engendre une forte consommation d’eau. Il génère également de fortes odeurs, ce qui contraint à mettre en place un système de ventilation renforcée, avec pour conséquence une forte consommation d’énergie.
- Les toilettes sèches à litière
Avec les toilettes à litière par contre, on n’a pas d’inconvénients. Il n’y a pas d’odeur, et il n’est pas nécessaire d’utiliser de l’eau ou de l’énergie, ou encore d’avoir plusieurs réservoirs. Le système est hyper simple : on place au fond de la cuvette de réception des déchets un matériau capable d’absorber les odeurs. On y ajoute des copeaux ou des végétaux qui peuvent générer des bactéries aérobies qui pourront favoriser la dégradation des matières fécales.
Ainsi, les déchets sont dégradés au fur et à mesure qu’ils sont déversés dans la cuvette. Pour l’évacuation finale, il faut renverser le contenu de la cuvette sur une aire d’épandage ou de compostage. Sans cette aire, le système est déficient, et il est difficile à mettre en œuvre dans le milieu urbain où l’on vit généralement en appartement.
Note : la cuvette est à vider tous les 5 ou 7 jours.
Les filtres plantés
Les filtres plantés sont la principale alternative à la fosse toutes eaux. Leur mode de fonctionnement est très simple : ils se servent de bactéries aérobies pour dégrader les déchets et épurer l’eau, les bactéries étant fixées dans le bassin de traitement par des plantes.
Dans la pratique, ils sont constitués de 2 bassins de plantes superposés. Une grille à l’entrée empêche l’arrivée de gros déchets qui ne peuvent être traités. Les eaux usées qui passent au travers de la grille sont alors épurées par les bactéries contenues dans le gravier et le sable qui sert de support aux plantes à différents niveaux.
Au niveau supérieur, on met souvent des roseaux, tandis que le niveau inférieur peut être rempli de jacinthes d’eau, de carex, de scirpes, de joncs, etc. L’eau filtrée au travers du dispositif peut même être recueillie et servir à l’arrosage des plantes du jardin.
Un espace de 20 m2 suffit pour avoir des filtres plantés pour une population de 5 habitants. Quand on a de l’espace, le système représente un excellent substitut à l’assainissement collectif et peut être utilisé à plusieurs, en ajoutant 2 à 4 m2 par personne supplémentaire.
Note : Les filtres plantés ont l’avantage d’être faciles à mettre en œuvre, et il est facile de les entretenir en coupant les plantes de temps à autre. Ils ne nécessitent pas de vidange non plus, et ils ne consomment pas d’énergie. Leur unique inconvénient est leur coût d’installation qui vaut entre 4 000 et 6 000 euros.
Filtre à coco, lagunage et bambous
Les solutions complémentaires d’assainissement écologique sont au nombre de 3 : le filtre à coco, le lagunage et les bambous d’assainissement.
- Le filtre à coco
Le filtre à coco est un complément à la fosse toutes eaux ou fosse septique. Il assure le traitement final des eaux qui ont déjà été prétraitées en amont dans la fosse. Il est facile à installer, car essentiellement constitué de copeaux de coco.
Cependant, il faut en changer tous les 10 ans, tandis que les résidus du filtre sont envoyés en compostage. Son installation est par ailleurs peu exigeante (il faut une pente d’un mètre au moins), mais il coûte 5 000 euros environ.
- Le lagunage
Le lagunage est un système en eau libre, assez semblable à celui des filtres plantés. En effet, les eaux usées sont déplacées successivement au sein de différents bassins remplis de plantes (algues) qui retiennent des bactéries pour leur traitement. 2 types de plantes peuvent être exploités pour le lagunage :
- Les petites plantes ou microphytes. Ce sont généralement des algues, ou du phytoplancton
- Les grandes plantes ou macrophytes. Ce sont les mêmes essences que celles utilisées pour les filtres plantés
Le système est délicat à mettre en œuvre et à entretenir, mais il est très efficace. En général, on positionne successivement 3 bassins, un premier dimensionné de sorte à accorder 6m2/habitant, et tous les autres ayant une surface accordant 3m2 pour chaque habitant.
- Les bambous d’assainissement
Les bambous sont de très bons épurateurs d’eaux usées au cours de leurs 4 premières années d’existence. Au-delà, leur performance diminue, et il faut généralement les couper.
Leur principe d’épuration est exploité pour nettoyer les eaux usées, suivant le même principe que celui des filtres plantés, même s’ils nécessitent plus de place (10 m2 par habitant). Mais puisque leur efficacité diminue dans le temps, ils ne sont jamais employés seuls. On les combine plutôt à un dispositif de lagunage pour accélérer le traitement des eaux usées.
En résumé : il existe plusieurs systèmes d’assainissement écologiques, certains fonctionnant de manière partielle, et d’autres complètes. En l’absence de TAE, on peut se tourner vers ces différentes solutions, mais en tenant compte de son budget et en prenant l’avis d’un expert.
Si son logement n’est pas isolé et situé dans une zone où la nappe phréatique est proche de la surface, il vaut mieux opter pour une solution collective qui profitera à tous, comme les filtres plantés. Sinon, on peut se contenter des toilettes sèches, ou associer un filtre à coco à sa fosse toutes eaux ou fosse septique.
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